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Analyse

L'indépendance est au fond des urnes

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Le véritable enjeu de ce scrutin était l'avenir du Kosovo.
publié le 30 octobre 2000 à 5h54

Pristina envoyé spécial

Le smoking est noir, mais le noeud papillon rouge flamboyant. Emigré en Belgique depuis un quart de siècle, Fitim Pogarusha avait revêtu les couleurs du drapeau albanais pour fêter samedi soir, avec quelques amis, le «jour historique». «Tout le monde nous attendait au tournant pour ces élections. Nous avons démontré que nous sommes dignes d'être indépendants», explique ce Kosovar albanais de la diaspora, revenu pour voter le 28 octobre. L'enjeu de ce premier scrutin dans un Kosovo placé sous protectorat international depuis juin 1999 va, en effet, bien au-delà d'un renouvellement des conseils municipaux. Organisé en un temps record par l'OSCE et la Minuk, il a permis de mesurer le poids réel des différents partis, enregistrant un véritable triomphe de la Ligue démocratique du Kosovo du modéré Ibrahim Rugova, forte du bilan d'une décennie de résistance civile de masse. Mais ce vote dans des bureaux souvent ornés du seul drapeau albanais signifie d'abord la naissance d'un Etat qui, de fait, est surtout celui des Albanais. Plus de 150 000 Serbes ont quitté le Kosovo depuis juin 1999; 100 000 sont restés, vivotant pour moitié dans des enclaves. Ils ont boycotté les inscriptions sur les listes électorales comme le scrutin.

Législatives et présidentielle. La résolution 1244 de l'ONU, qui fixe le cadre de l'intervention internationale dans cette province du sud de la Serbie peuplée à 90 % d'Albanais de souche, évoque un large statut d'autonomie mais rappelle l