Tout à leur satisfaction d'être enfin débarrassés de Slobodan Milosevic, les dirigeants occidentaux multiplient depuis trois semaines les gestes de prévenance à l'égard du nouveau président yougoslave, Vojislav Kostunica: levée des sanctions, promesse d'une aide économique généreuse, invitation au sommet européen de Biarritz et mise entre parenthèses des sujets qui fâchent, qu'il s'agisse du sort de Milosevic, des relations avec le Tribunal pénal international de La Haye ou du Kosovo, en commençant par le sort des centaines de Kosovars toujours détenus par Belgrade. On peut comprendre ce choix, surtout s'il est tactique: la position de Kostunica est encore fragile et nombreux sont ses adversaires, déclarés ou à l'affût. Il est important de le conforter, dans la perspective des législatives du mois de décembre. Mais faut-il pour autant se montrer plus magnanime avec la nouvelle Serbie qu'avec la nouvelle Croatie de Stipe Mesic, qui a accepté sans trop barguigner l'aggiornamento démocratique de ses moeurs et la loi du TPI? Faut-il, surtout, feindre d'oublier le dossier brûlant du Kosovo? Ce serait là grave erreur. Le voudrait-on, d'ailleurs, que ce serait impossible. Les étonnantes élections municipales qui se sont déroulées samedi dans le territoire, sous l'égide de la mission de l'ONU (et à la demande des Occidentaux), sont là pour nous le rappeler: Kostunica ou pas, la population albanaise du Kosovo n'imagine pas d'autre issue à son drame que l'indépendance. Et ce serait un
Éditorial
Un fragile succès
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par Jacques AMALRIC
publié le 30 octobre 2000 à 5h54
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