Le voyage du ministre de l'Intérieur en Corse signale une double évolution du «projet Jospin». La proximité de sa discussion parlementaire en fait de plus en plus un projet de loi comme les autres, à l'heure terne des arguties techniques. Par ailleurs, ce projet n'est plus seulement celui du Premier ministre, mais celui du gouvernement entier. En s'effaçant fort à propos, Chevènement a rendu un fier service à Jospin: le dossier corse échappe enfin à la schizophrénie parisienne, qui en rendait le suivi aléatoire. La recherche d'un compromis fonctionnel, dégagé à partir de positions et d'intérêts multiples et contradictoires, faisait au gouvernement français l'obligation de parler de façon univoque. Avec l'aide de son lieutenant Vaillant, Jospin a l'assurance qu'il en sera bien ainsi sans qu'il soit lui-même obligé de se porter tout le temps aux avant-postes. Naturellement, à l'approche de son heure de vérité, le débat tend à se durcir. Les nationalistes qui en ont été partie prenante en donnent une interprétation maximaliste et recourent sourdement à leur vieille habitude de la menace. Pourtant, le plus sûr moyen de faire capoter cette ouverture institutionnelle viendrait d'une duplicité de leur part, de la tentation de jouer en complet veston le jour et en cagoule la nuit. Les ultranationalistes en mal de terrorisme sont le plus ferme espoir des hyperjacobins, et vice versa. En jouant son va-tout politique dans le dossier corse, Jospin souhaitait tirer la leçon de vingt ans
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