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Libération

La révolte des va-nu-pieds.

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A Gaza, la nouvelle Intifada reste l'affaire des seuls déshérités.
publié le 3 novembre 2000 à 6h06

Gaza envoyé spécial

Dans la venelle boueuse de ce quartier trop pauvre, les enfants ne jouent plus à la guerre. Ils s'y entraînent. Non pas qu'un adulte les embrigade. Les grands frères semblent singulièrement absents. Mais la parodie du combat qui fait rage va au-delà du simple divertissement. Les gamins courent, rampent et se cachent, usent de leurs frondes avec application, ramassent un blessé, assemblent trois planches en un brancard. Criant de réalisme. A l'école de la rue, l'improvisation n'a pas sa place. Il en va de sa vie.

Cent fois, avec ses camarades, Galeb Abou Assi a répété ces mêmes gestes. Avant de tomber en chaïd sous la balle bien réelle d'un soldat israélien, tué une pierre à la main sur les dunes sablonneuses du camp de Khan Younis. Une procession funèbre, peinte à la main sur un mur en pisé, orne la maison de ce «martyr» âgé d'à peine 12 ans. Esquisse naïve d'un corps d'enfant emmailloté dans un linceul, recouvert du drapeau national et porté sur les épaules de quatre fedayin. Fresque macabre admirée de tous ses copains qui jurent, eux aussi, vouloir verser leur sang pour libérer la Palestine. «C'est tout ce que nous avons à offrir, plastronne Jamal, 10 ans, nous nous préparons au sacrifice pour que triomphe la nouvelle Intifada.»

La solidarité sans les risques. Sur les hauteurs ombragées de Gaza, entre la résidence des hôtes de marque et la vaste concession de l'Organisation des Nations unies, villas cossues et maisons de maître se nichent dans des jardins