Menu
Libération
Éditorial

Recomposée.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 novembre 2000 à 6h12

C'est plus aux parents qu'aux enfants qu'il faudrait expliquer la gauche. Elle n'a plus la cohérence et la lisibilité d'antan, une lanterne est nécessaire, ou un sondage ce qui revient au même, pour en débusquer la représentation d'aujourd'hui. Et le paysage se révèle encore plus fragmenté qu'on l'imaginait.

Chacun voit la gauche à sa porte. L'opinion la trouve là où elle en a besoin, ce qui ne correspond pas forcément à l'idée que les militants politiques s'en font. L'inscription au panthéon des luttes révolutionnaires du mouvement des patrons routiers contre l'augmentation du prix de l'essence fera frémir les consciences de gauche. C'est sans doute le symptôme de bien des incompréhensions sur les modalités de la redistribution, au coeur de l'annonce des baisses d'impôt ayant précédé le mouvement. De même, le plébiscite de l'euro parmi les valeurs de gauche étonnera, sauf si l'on n'oublie pas que les Français sont incurablement partisans de l'Europe, de laquelle ils attendent protection et prospérité, même si c'est d'abord mieux perçu chez les moins défavorisés et les plus jeunes. L'émergence de mouvements critiques contre la mondialisation complète, d'une certaine façon, cet engagement européen.

En revanche, là où gauche d'opinion et gauche militante se rejoignent, c'est sur l'aspiration égalitaire, que ce soit sur la protection sociale, l'emploi, les revenus, la fiscalité (via la baisse de la TVA) mais aussi la parité et le Pacs. La physionomie de la gauche est donc aujourd