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Portrait

Al Gore

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Un destin tout tracé mais sans charisme
publié le 7 novembre 2000 à 6h14

«Où qu'il aille, il endosse toujours ses habits de politicien, l'homme reste caché sous le costume.» La remarque n'est pas d'un républicain, elle est celle d'un syndicaliste démocrate venu applaudir Al Gore il y a dix jours, lors d'un meeting dans le Michigan. En dix-huit mois de campagne, le candidat démocrate n'est pas tout à fait parvenu à se débarrasser de son manque de charisme, son incapacité à transmettre ses émotions et son énergie aux électeurs.

Le handicap est de taille pour un homme destiné à l'arène publique. Gore, comme Bush, est un fils à papa. Mais là où le républicain est un peu venu à la politique par hasard, le démocrate a passé sa vie à se préparer pour les plus hautes sphères. Dès sa naissance, son père, Al Gore Sr, sénateur du Tennessee, publiera sa photo en première page du journal local. Toute l'enfance du jeune Al, partagée entre la ferme familiale et Washington, est consacrée à hisser le garçon dans l'élite. Il est envoyé à Saint Albans, l'une des écoles les plus prisées, puis part à Harvard.

Brillant mais austère. Sur le papier, la carrière politique d'Al Gore touche au remarquable. Un moment journaliste, il se lance dans le grand bain en 1976. A 28 ans, il entre à la Chambre des représentants; il y passera huit ans, avant de forcer les portes du Sénat. L'homme est brillant, mais austère. Il se forge une réputation de modéré érudit, et a peu d'amis. Quand Clinton vient le chercher pour être son colistier en 1988, il y voit une consécration. «On l'a él