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Libération
Éditorial

Heu-reux!.

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publié le 7 novembre 2000 à 6h14

La première présidentielle américaine du XXIe siècle aura été une chronique du déclin de la politique aux temps de la prospérité.

La plus longue et la plus coûteuse campagne électorale de l'histoire s'achève par un scrutin qui promet d'être un des plus serrés de l'après-guerre.

Les efforts d'Al Gore et de George W. Bush auront au final suscité beaucoup de bâillements, de scepticisme et d'indécision dans une grande partie de l'électorat.

On aurait pu croire qu'un vice-président expérimenté, fort du bilan positif de huit ans d'administration démocrate, l'emporterait aisément face à un gouverneur texan sans grand relief dont le principal atout semblait d'être le fils de son père. C'était oublier que les Américains élisent en leur Président une icône qui incarne l'air du temps.

A cette aune, le sympathique et insignifiant «Dubya» (Bush) est apparu, comme Reagan jadis, plus en phase avec l'ère de paix et de prospérité que traverse l'Amérique profonde que ne l'a été le fils de famille «Al». L'idéologie «laisser-faire» de Bush, qui a fait campagne contre «les bureaucrates de Washington», a trouvé un écho naturel dans une société dont les mutations minent le rôle traditionnel d'un gouvernement dont Gore est le champion.

Leur débat a tourné pour l'essentiel autour de l'utilisation d'excédents budgétaires hypothétiques pour préserver les avantages acquis de la génération du baby-boom, au lieu de chercher comment ils pourraient être mis à profit pour engager des réformes dont l'Amérique a b