Les cochons et les poulets français pourront-ils grossir sans manger de farines animales? Car ce sont essentiellement les filières avicoles et porcines qui vont devoir se réformer. Depuis 1990, les bovins ne mangent plus officiellement de protéines animales et les agriculteurs ont appris à faire sans. Les producteurs de volailles et de porcs, eux, continuent à nourrir les animaux avec au moins 5 à 6 % de farines carnées par ration. Du côté des fédérations professionnelles, on fait mine de ne pas trop s'inquiéter pour la substitution de nourriture. «En moyenne les porcs ne mangent que 1 % de farine», explique le porte-parole de la filière porcine. Mais, le problème des déchets en cache un autre. Pour remplacer les 2,3 millions de tonnes de protéines animales consommées en Europe, la seule solution serait d'importer des Etats-Unis et du Brésil des protéines végétales, tourteaux de soja en tête, pour faire tourner les élevages. Le surcoût, estimé par le Syncopac (Syndicat des producteurs d'aliments pour animaux), serait de 3 à 5 % sur le prix d'une volaille de chair.
Bruxelles en embuscade. Certains acteurs de la filière refusent l'idée d'une substitution pure et simple des farines par les importations. Confédération paysanne en tête: «Les farines ont été l'EPO de l'agriculture. Aujourd'hui, on ne doit pas dans la précipitation se jeter sur des importations de céréales qui contiennent des OGM. Il faut trouver d'autres solutions», explique René Louail, porte-parole du syndicat. L