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Libération
Analyse

Les ratés du principe de précaution.

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Le chef de l'Etat a su tirer parti des cafouillages de Matignon.
publié le 8 novembre 2000 à 6h19

Jacques Chirac a au moins une qualité: il est le meilleur détecteur des points faibles de son rival. Il l'avait prouvé l'an dernier en pointant avec six mois d'avance la «cagnotte» de Bercy et, plus récemment, en dénonçant la stagnation du pouvoir d'achat. Hier, c'est sur une faille inattendue, mais bien réelle, de l'action gouvernementale, qu'il a mis le doigt. Une faille dans un domaine où, jusqu'à présent, Lionel Jospin avait su se montrer efficace.

Surf sur la vague d'émotion. Certes, l'opération politicienne à laquelle s'est livré hier le chef de l'Etat est loin d'être parée de toutes les vertus. Habitué aux convictions successives, le Président vient d'endosser un nouvel habit: celui du défenseur de la sécurité alimentaire. Pour ce faire, il n'hésite pas à surfer sur la vague d'émotion qui traverse le pays depuis les dernières révélations sur le danger de la viande bovine et les images de M6 montrant l'agonie d'un jeune homme probablement atteint de la nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (lire également page 54).

Mais ces considérations n'enlèvent rien à l'impression de flottement que donne effectivement l'action du gouvernement. Tout d'abord dans son expression. Depuis plusieurs mois déjà, les dissonances s'accumulent entre Jean Glavany, ministre de l'Agriculture, par fonction sensible aux préoccupations économiques des agriculteurs, et Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la Santé, dont l'interview au Parisien (lire ci-contre) a consterné Matignon. Hier