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Libération
Éditorial

Bipartisme.

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publié le 9 novembre 2000 à 6h21

La quasi-égalité des suffrages obtenus par les deux principaux candidats ­ 0,25 % d'écart seulement sur presque cent millions de suffrages! ­ loin de témoigner d'une indifférence des électeurs montre que les Etats-Unis sont ni moins politisés ni moins polarisés que n'importe quelle autre démocratie actuelle. L'un et l'autre candidats ont été dits ternes, chacun ayant gommé ses angles pour viser le centre de l'échiquier politique. En définitive, la mise entre parenthèses de la traditionnelle et forte personnalisation de ce scrutin a rendu aux choix politiques des candidats une vertu discriminante.

Certes, ni l'un ni l'autre ne promettait de révolution, pas plus conservatrice que progressiste. Ils se voulaient au centre, mais ils se tournaient le dos. Ce n'est vraiment pas la même chose que de consacrer des dizaines de milliards de dollars annuels à des réductions d'impôts ou à des programmes sociaux. Cette ligne de partage recouvre bien d'autres oppositions, tant dans la vie privée que dans l'univers public. On a bel et bien deux Amériques, de poids égal. Aux deux extrêmes, les marges sont faibles numériquement, quoiqu'elles puissent à l'occasion jouer un rôle considérable: l'écologiste Nader rendra peut-être au conservateur Bush le même service que le populiste Perot avait offert au libéral Clinton en 1982.

Indépendamment de la présidentielle, on sait déjà que les démocrates n'ont pas réussi à gagner le contrôle de la Chambre des représentants ni celui (ce qui était plus prévi