Menu
Libération

Les télés montrées du doigt

Article réservé aux abonnés
Leur précipitation est à l'origine de la confusion.
publié le 9 novembre 2000 à 6h21

Los Angeles correspondance

Sur les écrans de télévision, la Floride est devenue bleu démocrate à 19 h 50. Les bureaux de vote de l'Etat venaient de fermer quand les grandes chaînes ont donné la Floride, et de fait la présidence, à Al Gore. Sans que les bulletins de vote aient été dépouillés, sur la foi des sondages de sorties d'urne menés par un seul et même institut. Depuis le début de la soirée électorale, les chaînes affichaient une confiance étonnante dans ces sondages qu'elles n'avaient pas le droit de publier mais qu'elles utilisaient à mots couverts. Gore ayant «gagné» la Floride, la machine à commenter s'est mise en marche, s'interrogeant sur le destin malheureux du gouverneur Bush.

Gaffe monumentale. Deux heures plus tard, les journalistes s'inquiètent quand arrivent les premiers résultats du dépouillement dans les circonscriptions de Floride. CNN, soudain prudente, prend la décision, de son QG d'Atlanta, de changer la couleur de la Floride et de la mettre en ballottage. Les autres suivent.

A deux heures du matin (côte Est), c'est la catastrophe médiatique ­ «l'un des moments les plus honteux de l'histoire des médias américains», écrit le Los Angeles Times. La Floride devient rouge républicain sur les écrans. Les télés proclament «George W. Bush, 43e président des Etats-Unis.» Même son rival, Al Gore le félicite. C'est ce qu'on appelle, aux Etats-Unis, «le syndrome "Dewey bat Truman."», la gaffe monumentale du Chicago Daily Tribune qui avait fait sa une, aux élections