D'ordinaire prudents et forts d'une longue tradition de discrétion, les climatologues sont sortis de leurs labos pour sonner le tocsin. Et pour réclamer que l'humanité autolimite sa consommation de charbon, de pétrole, de gaz. De ce carbone fossile qui fait battre le coeur énergétique des sociétés industrialisées, nourrit le confort quotidien des peuples riches et l'espoir de ceux qui ne le sont pas encore.
Risques inédits. Leur appel n'est pas motivé par des préoccupations sanitaires, mais plutôt par la question de savoir quel climat planétaire nous allons léguer à nos petits-enfants. Selon eux, nous sommes en train de modifier ce climat à une vitesse inédite et dans une direction le réchauffement que la planète n'a pas prise depuis des millions d'années. Les risques économiques, sociaux, sanitaires, environnementaux, voire politiques seraient suffisamment élevés pour exiger une sorte de pacte mondial et intergénérationnel. Pacte dont la conférence de La Haye doit rédiger le premier chapitre, et dont les académies scientifiques françaises recommandent qu'il comprenne «des sanctions» contre les pays qui tenteraient de s'y soustraire.
L'alerte lancée par les climatologues est récente. Certes, le génial Svante Arrhenius avait annoncé, il y a un siècle, qu'en brûlant le charbon, les hommes allaient réchauffer la planète via un effet de serre renforcé. Mais il manquait à cette spéculation séduisante les données et les chiffres qui fondent une solide théorie. C'est le glaci