«Je pense depuis longtemps qu'il faut supprimer les farines, ne serait-ce que parce que cela simplifierait la gestion publique des mesures de lutte contre l'ESB», avait déclaré à Libération Jean Glavany, lors d'un entretien publié vendredi 10 novembre. Ainsi donc, si l'on décidait de bannir les farines de toute l'alimentation animale, ce serait pour alléger les contrôles sur la seule alimentation bovine. Une mesure d'économie administrative en quelque sorte.
La réflexion sonnerait comme une boutade, si elle n'était l'aveu d'un constat réaliste, attendu, salvateur. C'est en effet l'incapacité de l'administration, depuis dix ans, à faire appliquer l'interdiction des farines dans les aliments pour bovins, décrétée en juillet 1990, qui est l'alpha et l'oméga de la crise actuelle. L'augmentation des cas d'ESB détectés en France, trahissant à chaque fois, selon toute probabilité, une contamination par des aliments interdits, est la marque patente de cette défaillance des pouvoirs publics. Or, c'est précisément sur cette tendance à la hausse de l'épizootie, accentuée par les inconnues sur la maladie humaine, qu'a grandi l'inquiétude publique.
Enigme. Sourdement d'abord. C'était à la mi-99. L'épidémie de vache folle, vue de France, semblait une affaire très britannique, très politique, très économique, très vétérinaire. Mais pas très inquiétante, hormis pour quelques experts tracassés par l'énigme des prions. La maladie bovine, en Grande-Bretagne, continuait de décroître. Amorcée en 1