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Libération
Analyse

Face à l'émotion, Jospin rend les armes politiques

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Il a finalement préféré coller à l'opinion plutôt qu'à la raison.
publié le 15 novembre 2000 à 6h36

C'est un beau débat qui s'est approfondi ces jours-ci entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Et les Français vont pouvoir y prendre toute leur part, puisqu'il devrait durer jusqu'au printemps 2 002 et être l'un des principaux discriminants pour départager les deux candidats à la présidentielle. Le débat est aussi ancien que la démocratie athénienne mais il relève toujours de l'essentiel: la nature et le rôle du politique. Celui-ci doit-il faire prévaloir l'émotion sur la raison, le réflexe sur la réflexion, coller à l'opinion ou tenter de la convaincre? Ce qu'a bien résumé hier Jean-Pierre Chevènement: «Est-ce qu'on est dans le psychologisme, ou est-ce que la démocratie implique un minimum de rationalité?»

La ligne ne tient pas. Tenant des premiers termes de l'alternative, Jacques Chirac a compris sans tarder que les Français, paniqués, ne souhaitaient entendre qu'une chose: l'interdiction des farines animales. Tenant des seconds, Lionel Jospin a tenté de jouer le rationnel et réclamé de pouvoir s'appuyer sur l'avis des scientifiques pour agir. Mais la ligne du Premier ministre n'a pas tenu. Une semaine après, il doit donc annoncer un moratoire sur les farines animales, averti par les sondages que l'opinion ne le suit pas et applaudit le chef de l'Etat. Ce dernier a gagné. Et ses laudateurs n'ont pas manqué, hier, de tenter de tirer avantage de cette passe d'armes. «Jacques Chirac avait raison il y a huit jours et aujourd'hui on le constate. Il a peut-être plus l'esprit d'ant