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Libération
Éditorial

Amère victoire.

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publié le 17 novembre 2000 à 6h41

Un président des Etats-Unis à Hanoi. La nouvelle ne paraîtra sans doute pas extraordinaire aux jeunes générations. Aux moins jeunes, si, tant la guerre américaine du Viêt-nam a marqué plusieurs générations et a joué un rôle fondamental dans leur éducation politique et leur révolte contre un conformisme anesthésiant. Aux Etats-Unis bien sûr, qui ont laissé près de 60 000 hommes sur le terrain, mais aussi en Europe et dans tout le tiers monde où la lutte contre la guerre s'est vite résumée en la dénonciation de l'«impérialisme américain». Ces temps peuvent paraître lointains, mais ils ont longtemps pesé dans l'équation politique américaine, freinant toute velléité d'engagement extérieur. Ils sont aussi à l'origine du concept de la guerre «chirurgicale», du conflit à «zéro mort» américain que l'on a vu appliquer aussi bien lors de la guerre du Golfe que de celle du Kosovo.

Mais c'est pour le Viêt-nam et les Vietnamiens, finalement, que la défaite américaine aura été le plus accablante : trois millions de morts, mais aussi l'impossible héritage de ce qui a été une véritable guerre civile. Avec la victoire totale de dirigeants communistes n'ayant pratiquement connu que la lutte armée, la guerre américaine du Viêt-nam ayant succédé sans réelle solution de continuité à la guerre française d'Indochine.

Le résultat de ce verrouillage est consternant : les géniaux communistes guerriers d'hier se sont révélés, en temps de paix, bureaucrates accomplis, gestionnaires incompétents et politi