Washington de notre correspondant
En 1969, Bill Clinton est en Angleterre, étudiant à Oxford. Il porte une barbe clairsemée et une tignasse (parenthèse capillaire très courte dans l'album de photo clintonien, où on le voit plutôt les oreilles bien dégagées et portant cravate ). Il est sérieux, travaille bien comme toujours, drague un peu évidemment. Comme beaucoup de ses congénères, il est contre la guerre du Viêt-nam. Mais il n'est pas du genre à haranguer les foules et à s'enflammer contre le «système». Le système, il sait que ce sera son gagne-pain. Déjà mordu par le virus de la politique (cela remonte à sa brève poignée de main avec Kennedy en 1963), ses idées pacifistes l'embarrassent plutôt qu'autre chose. Ses convictions contre la guerre sont profondes: elles ont été forgées par son mentor et modèle, le sénateur William Fulbright, de l'Arkansas. En 1967, parallèlement à ses études de relations internationales à l'université de Georgetown, à Washington, Bill Clinton découpait les journaux pour Fulbright, qui présidait la Commission des affaires étrangères du Sénat et était l'opposant attitré de la guerre du Viêt-nam.
L'étudiant d'Oxford n'a donc aucune envie de porter l'uniforme. «Bill Clinton s'emploie fiévreusement à trouver un moyen d'éviter l'armée», écrit en juillet 1969 l'un de ses amis dans une lettre à sa fiancée. Mais Clinton ne tient pas non plus à passer pour un objecteur de conscience ou un antimilitariste. Il se débat entre ses ambitions et ses convictions.