Menu
Libération

Dragon économique, escargot politique

Article réservé aux abonnés
Le privé explose, les inégalités aussi. Les libertés restent muselées.
publié le 17 novembre 2000 à 6h41

Hanoi envoyé spécial

En fin d'après-midi, à l'heure où les vagues de centaines de vélomoteurs pétaradants prennent d'assaut les avenues de Hanoi, on voit soudain se profiler au loin une file ordonnée d'une dizaine de vaillants motards brandissant de grands drapeaux rouges qui claquent au vent et remontant la foule sans ménagement. Le cortège équipé de haut-parleurs est précédé d'une voiture klaxonnant et décorée d'une banderole, inscrite en jaune sur fond rouge, les deux couleurs de l'emblème communiste vietnamien. Mais les apparences peuvent être trompeuses dans le Viêt-nam d'aujourd'hui: il s'agit tout bonnement d'une campagne publicitaire pour les scooters Piaggio. En récupérant les symboles familiers du communisme, la marque italienne tente ainsi de détrôner Honda.

Bannière étoilée. Sur un coin de trottoir, un conducteur de vélopousse qui traque le client ­ touriste de préférence ­ a adopté une tactique fort comparable: il arbore sans complexes une casquette à l'effigie du drapeau américain et une veste siglée «US Army». La bannière étoilée de l'ancien ennemi figure parfois aussi en bonne place dans les petites échoppes privées, qui, en quelques années, ont littéralement envahi les villes du pays. On trouve aussi des cafés privés offrant un accès à l'Internet jusque dans les étroites ruelles de Hanoi. Les petits marchands aux chapeaux coniques venus de la campagne écument les rues de la capitale, leurs lourdes palanches sur l'épaule, pour vendre leurs légumes. Cherchant un