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Libération
Éditorial

Menace

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publié le 21 novembre 2000 à 6h49

La vache folle et ses mystères sont diaboliques. Et ils risquent de coûter fort cher au contribuable français. Il apparaît en effet au fil des jours que la crise actuelle va prendre des proportions sans comparaison avec celle de 1996. D'ores et déjà, c'est toute la filière bovine qui est menacée: à la baisse de consommation de boeuf en France (un Français sur cinq aurait cessé d'en manger d'après une enquête du Credoc, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), il faut maintenant ajouter les interdictions d'importation de boeuf français décrétées par des pays gros acheteurs, l'Italie et l'Espagne par exemple. C'est dire qu'un grand nombre de professions de la filière française va connaître des jours particulièrement difficiles, qu'il s'agisse des éleveurs, des négociants de bestiaux, des abatteurs-équarrisseurs, des producteurs de farines animales, des bouchers ou des grossistes qui les approvisionnent. Quelques centaines de milliers de personnes, qui vont bien sûr se tourner vers le gouvernement pour ne pas supporter seules le prix d'un principe de précaution à double détente: destiné par essence à rassurer l'opinion, ledit principe a fait long feu pour enrayer une psychose qui risque rapidement de contaminer le continent. C'est ce phénomène qu'espèrent enrayer les partenaires européens de la France en fermant leurs frontières à tout ou partie du boeuf hexagonal. Mais il y a sans doute pas mal d'optimisme dans cette démarche. Tôt ou tard et