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Des vivants au secours des vivants

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Seule une modification de la législation française pourrait pallier la pénurie.
publié le 22 novembre 2000 à 6h54
(mis à jour le 22 novembre 2000 à 6h54)

Mourir d'attendre... Faut-il s'en accommoder? En France, en 1999, 333 personnes sont mortes, alors qu'elles étaient en liste d'attente pour une greffe d'organe. Un chiffre qui augmente de manière préoccupante, si l'on en croit les dernières données rendues publiques par l'Etablissement français des greffes: les greffes stagnent. En 1999, l'activité a même été en légère diminution par rapport à 1998.

«Cela fait maintenant près de cinq ans qu'on vivote, pour ne pas dire pire», explique le professeur Gérard Benoit, urologue à l'hôpital du Kremlin Bicêtre. Certes, en juin, Martine Aubry, alors encore ministre de l'Emploi et de la Solidarité, avait annoncé un «plan greffes» qui prévoyait, entre autres choses, la création de 40 postes de coordinateurs hospitaliers de prélèvements. Mais cela reste insuffisant. Bon nombre d'experts estiment qu'il faudrait passer à une vitesse supérieure. D'autant que la situation révèle une inégalité très forte selon les régions: pour une greffe de rein, on peut attendre 4 mois dans le Poitou, contre 34 mois dans le Languedoc-Roussillon.

Réticences historiques. Dans ce contexte, les transplanteurs soulignent le retard énorme de la France en matière de greffes d'organes à partir de donneurs vivants. Pour des raisons historiques et de réticence du corps médical, on en pratique peu, voire très peu. A peine 4 % du total des greffes de rein, alors que ce taux est de 10 % en Grande-Bretagne, de 20 % aux USA, de 30 % en Norvège et près de 10