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Libération

L'homme qui n'aurait jamais dû mourir

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Premier décès en France d'un donneur de foie.
publié le 22 novembre 2000 à 6h54
(mis à jour le 22 novembre 2000 à 6h54)

Lyon envoyé spécial

Il y a trois semaines, un homme de 32 ans, militaire de formation, en pleine santé et ne présentant aucun signe apparent de risque opératoire, est mort après avoir, quelques jours auparavant, donné la moitié de son foie à son frère atteint d'une grave cirrhose. Le professeur Olivier Boillot, qui a conduit l'opération, ne s'en remet pas: «Parfois, je me dis que peut-être on est un peu fous. Mettre en danger la vie de quelqu'un en bonne santé...» Responsable de l'unité de transplantation hépatique de l'hôpital Edouard Herriot à Lyon, il a été le premier en France à se lancer dans les greffes de foie à partir d'un donneur vivant. Sa réputation dans ce domaine n'est plus à faire. «Vous imaginez, si le premier mort français après le don d'organe était survenu dans une équipe de moyenne réputation», lâche un transplanteur parisien.

Procédure respectée. Pourtant, tout avait été fait pour éviter cet accident ultime. «On ne sait pas ce qui s'est passé», lâche le professeur Boillot. «Tout s'était très bien passé. Le prélèvement de la moitié de son foie s'était déroulé parfaitement. De même que la greffe sur son frère.» Comme le veut la règle tacite que se sont fixés les chirurgiens, le bilan de santé du donneur était parfait. «On ne peut pas se permettre de passer à côté d'un risque opératoire», explique le professeur Jacques Belghiti de l'hôpital Beaujon près de Paris. En Allemagne, l'été dernier, un homme est décédé après avoir lui aussi donné une