Dans les années 50, les toutes premières greffes de rein se font à partir de donneurs vivants. Avec la découverte du système HLA (qui codifie les règles de comptabilité immunologique), cette pratique disparaît peu à peu en France pour laisser place aux prélèvements sur des morts encéphaliques. En même temps, s'organise un système très imposant de centre de dialyses qui permet aux insuffisants rénaux de vivre ou de patienter en attendant une éventuelle greffe. «Prélever un organe sur un donneur vivant, c'était d'une certaine manière antidéontologique, explique un néphrologue parisien. C'était aller à l'encontre du premier devoir du médecin qui est de ne pas nuire.»
Blocage. Une objection au départ légitime. Mais, le temps aidant, cette objection change de nature pour devenir un blocage. Avec la montée en puissance de l'insuffisance rénale en France (du fait, entre autres, du vieillissement de la population), avec surtout la pénurie croissante de greffons disponibles, les listes d'attente s'allongent. Les décès apparaissent. «Aujourd'hui, même le milieu de la néphrologie n'est plus opposé au donneur vivant. Mais avant que cela se traduise dans les faits..., analyse Jean-Paul Soulillou qui dirige le service de néphrologie du CHU de Nantes, devenu le plus important centre de greffe de rein en France. Cela bouge lentement. Et l'information une greffe, c'est possible n'est toujours pas donnée aux familles des patients.»
Ce silence des médecins pose problème, car