Tokyo de notre correspondant
Prélever des organes sur des êtres vivants consentants a d'abord été au Japon un moyen de contourner le vide juridique et le tabou culturel et religieux qui a longtemps entouré l'état de mort cérébrale. Jusqu'à l'adoption, en 1997, d'une loi autorisant le prélèvement d'organes sains sur des personnes déclarées mortes, celui-ci était considéré comme illégal. Quelques chirurgiens assez audacieux pour braver l'interdit furent même poursuivis en justice par les parents des donneurs déclarés morts et condamnés à de lourdes amendes, bien que le décès de ces derniers ait été certifié par plusieurs praticiens.
De ce fait, certaines opérations, comme les transplantations cardiaques, n'avaient jusqu'en 1997 presque jamais lieu. Des malades y mouraient faute de greffe. D'où le recours à des donneurs vivants pour certaines transplantations d'organes: foie, rein ou cornée le plus souvent.
Fichier central. Depuis la loi de 1997, l'Association japonaise des greffes dispose d'un fichier central qui permet aux hôpitaux de se procurer, lorsque le décès cérébral d'un donneur survient, les organes nécessaires aux opérations. Mais comme les autres pays riches, l'archipel manque cruellement de donneurs. Les opérations sur des êtres vivants se poursuivent donc. Au point que le Japon occupe le premier rang mondial pour ce type d'opérations: 1 000 prélèvements de partie de foie ont eu lieu ces dernières années dans 29 hôpitaux. Avec l'aval des comités d'éthique concernés.
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