Marseille envoyée spéciale
Sami, 19 ans, est seul à la barre. Sans avocat, ils sont en grève. La veille, le 15 novembre, il a «cédé ou offert du cannabis» et résisté «avec violence» aux policiers qui l'arrêtaient. «Le tribunal ne peut vous juger aujourd'hui, car il faut aviser les victimes (les policiers), commence la juge. Il y a trois possibilités: soit la détention provisoire, soit le contrôle judiciaire, soit le tribunal vous remet en liberté.»
«Force est de constater...» 18 heures. Jusque-là, des avocats choisis et rémunérés par les prévenus ont plaidé. A l'heure des comparutions immédiates, les défenseurs ont déserté l'audience. La juge poursuit: «Je ne résiste pas à lire vos déclarations: "Avant je travaillais au noir aux puces, mais j'ai arrêté, car c'est trop fatigant et trop mal payé. Il vaut mieux vendre du shit. C'est plus risqué, mais dans la vie, si on ne risque rien, on n'a rien." Voilà, monsieur, ce que vous avez obtenu avec de tels arguments.» Sami proteste faiblement: «Excusez-moi, mais je n'ai pas dit ça, madame.» Sourire. «Vous avez signé, vous ne savez pas lire?» Trois barrettes de haschisch et 3 500 francs ont été trouvés sur lui. Tout à coup, la magistrate se souvient: «Je vois un problème particulier dans les comparutions immédiates, ce soir. Il a indiqué vouloir un avocat commis d'office, et force est de constater qu'en raison de la grève du barreau, il n'y en a pas.»
Le procureur réclame un mandat de dépôt. Sans doute un avocat expliquerait-il que Sami