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Libération
Éditorial

Service public.

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publié le 23 novembre 2000 à 6h56

La justice est un service public qui ne se flatte pas forcément de l'augmentation du nombre de ses usagers. Peu portés à la protestation collective, ceux-ci seraient même les derniers auxquels on penserait au moment des grands arbitrages budgétaires. Certes, les ressources du ministère concerné ont été en augmentation ces dernières années. Mais ce n'est pas vraiment le libre accès de tous à la protection du droit qui en a été le moteur. Au moins l'action de protestation menée en ce moment par les avocats contre la misère de l'aide juridictionnelle publique a-t-elle le mérite de soulever cette question qu'aucun gouvernement n'a jamais ressentie comme électoralement urgente.

Mais la Justice étant à bien des égards la face cachée de la société, on ne tire pas le fil des difficultés sans que ne viennent avec toutes les contingences de l'époque. C'est la libéralisation économique qui fait exploser le droit des affaires et transforme une profession d'avocats où la mission de service public de la Justice n'est plus la vertu la mieux partagée. Mais ce sont aussi les inégalités sociales qui font croître la demande de justice gratuite là où, c'est l'évidence, ne sont pas installés les cabinets les plus florissants. Ou les plus avides au gain.

Cette situation était tout sauf imprévisible, mais c'est une constante de la gouvernance contemporaine qu'il faut une transgression violente de l'ordre des choses ­ en l'occurrence une «grève» des avocats menaçant les tribunaux d'engorgements ­ pou