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Libération
Éditorial

Ban public

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publié le 25 novembre 2000 à 7h06

Certains mots sont plus souvent employés comme gargarisme publicitaire que comme outil linguistique désignant une réalité tangible. C'est le sort dévolu à l'appellation incontrôlée de «service public». Ces mots servent de fourre-tout, du ramassage des ordures à la physique nucléaire de pointe, sans qu'on sache toujours ce qu'il en est du «service» rendu et de la raison pour laquelle il est «public», c'est-à-dire budgété sur le dos des contribuables. Cela se vérifie tout spécialement dans le domaine télévisuel, où les plus crédules et les mieux intentionnés doivent admettre que France 2 c'est exactement comme TF1, sauf que c'est payant. Et que c'est en outre obligatoirement payant, même pour ceux qui, d'aventure, ne regardent jamais les chaînes financées par le gentil contribuable.

Une des bonnes raisons de garder un espace audiovisuel public, c'est de garantir un minimum de concurrence avec la locomotive du privé, TF1. Mais cette concurrence serait tout aussi effective si la «2» vivait d'un financement privé et non du budget national. Il en va de même de la «3» qui, à côté de vrais efforts, tire de plus en plus du côté graveleux de l'existence contemporaine. Le mystère que les dévots du service public devraient éclaircir, c'est d'expliquer pourquoi F2 et F3 coûtent si cher aux téléspectateurs alors que TF1 ou M6 sont prospères sans rien leur demander... et sans démériter en comparaison.

Le «service public» devrait pouvoir se définir en termes fonctionnels et non comme l'agréga