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Libération
Analyse

Service public, mission impossible

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Les chaînes sont tiraillées entre cahier des charges et course à l'Audimat.
publié le 25 novembre 2000 à 7h06

Un Persan vient faire un petit tour en France. On l'installe devant un poste de télévision. Pendant une semaine, on le soumet au visionnage de TF1, France 2, France 3 et M6. On lui demande ensuite quelles différences il a remarqué entre les chaînes. Notre Persan est perplexe. Il s'est informé grâce à des journaux à peu près semblables, d'ailleurs plutôt bons. Il s'est diverti avec des feuilletons de la même eau, des séries souvent achetées aux Etats-Unis, des émissions réalisés par les mêmes producteurs, animées par les mêmes présentateurs. Il a vu les mêmes spots de publicité. Il a aussi assisté aux mêmes shows voyeuristes...

Subtil distinguo. Dans l'ensemble, il n'a pas noté de grandes différences d'une chaîne à l'autre. Il faudra donc lui expliquer cette exception française qui veut que, télé publique ou télé privée, la distinction ne saute pas aux yeux. Qu'il y a d'un côté deux chaînes commerciales, traquant l'Audimat et poursuivant des objectifs de rentabilité comme n'importe quelle entreprise en économie de marché. Et de l'autre, les fleurons du service public, chargés par la loi de promouvoir la culture, l'innovation et la création auprès de tous les publics, financés en partie par la redevance, donc par l'argent des citoyens-téléspectateurs.

Le décret n° 87-717 du 28 août 1987 est pourtant sans ambiguïté. La télé publique, y est-il écrit, est investie d'une «mission culturelle, éducative et sociale». Elle doit apporter aux téléspectateurs «information, enrichissement c