Washington
de notre correspondant
Les négociateurs européens ont-ils pris goût aux jeux de hasard? En refusant les ultimes propositions américaines à La Haye, ils semblent avoir joué à la roulette floridienne. Car si Al Gore remporte la Floride et sort gagnant de l'élection présidentielle, les Etats de l'Union conservent leurs chances de trouver un compromis meilleur que celui proposé, dans la nuit de vendredi à samedi, par le négociateur britannique, John Prescott. Mais si, comme le prévoient la plupart des politologues et juristes américains, c'est George W. Bush qui l'emporte, alors les Européens n'auront plus que leurs yeux pour pleurer. «Il y avait là une occasion formidable. Ne pas l'avoir saisie est une erreur tactique monumentale», a commenté samedi Philipp Clapp, président du National Environnemental Group, association écologiste basée à Washington, «Après janvier, [les Européens] pourraient se retrouver avec une administration Bush qui ne manquera pas de chercher à élargir les brèches.»
Bush, enfant du pétrole. Le Texan George W. Bush, en effet, a été «nourri au sein d'un derrick de pétrole», comme le disent les écologistes américains. Son père, avant de se lancer dans la politique, avait fondé à Midland une compagnie pétrolière. «W.» lui-même, dans les années 70, a fait de multiples affaires dans ce secteur. Il s'y est fait des amis et des soutiens précieux: les industries pétrochimiques texanes ont largement financé sa carrière politique. Il n'est donc guère étonnan