Dominique Voynet, ministre française de l'Environnement, dirigeait la délégation de l'Union européenne à La Haye. Elle tire les leçons de cette négociation.
La conférence de La Haye est officiellement «suspendue». N'est-ce pas une formule de politesse?
C'est incontestablement un échec dans la mesure où nous n'avons pas su convaincre nos interlocuteurs de prendre les bonnes décisions pour le climat. Mais il y a eu des avancées réelles, de quoi aborder avec optimisme une nouvelle réunion, l'an prochain. Depuis trois ans, nous travaillons à traduire les engagements politiques de Kyoto en mesures concrètes. C'est difficile parce qu'on y arrivera qu'en bousculant des habitudes bien ancrées de consommation et de comportement dans les pays riches, et en offrant de nouvelles perspectives de développement, moins dévoreuses d'énergie, aux pays en développement.
Qui blâmer pour cette fin en queue de poisson?
Les premiers responsables je ne dis pas coupables sont à l'évidence les grands Etats émetteurs de carbone. Et donc les Etats-Unis. Depuis trois ans, on était dans un dialogue de sourds: pour les Etats-Unis, le mode de vie américain ne se négocie pas; les pays du Sud renvoyaient les pays riches à leurs responsabilités. L'Union européenne se voulait, elle, le garant des engagements de Kyoto. Qu'on arrive réellement à réduire les émissions de carbone. Nous avons interpellé les Etats-Unis. Ils ont commencé à bouger. Ils ne sont plus sur une position d'arrogance inflexible.
Les Américain