L'échec de La Haye pourrait-il avoir une vocation «pédagogique», selon le mot de Dominique Voynet? Possible, mais à condition d'éclairer les citoyens de la Terre sur les véritables enjeux de la négociation. Elle a certes échoué parce que les Etats-Unis veulent s'affranchir d'une bonne moitié des réductions d'émissions de gaz à effet de serre (1) prévues par l'accord de Kyoto. Mais l'essentiel est que l'effet climatique d'un succès à La Haye eut été minuscule.
Les pays riches discutent de l'objectif suivant: n'émettre à l'horizon 2012 «que» 95 % de ce qu'ils émettaient en 1990. L'effort n'est pas dérisoire. Si l'on poursuit les tendances des dix dernières années, ces pays émettront + 20 % et non -5 % à cette échéance. Economies d'énergie, recours moins massif aux combustibles fossiles, priorité aux transports collectifs... de nombreuses mesures sont nécessaires pour atteindre ces
- 5 %. Pour contrecarrer les liens d'airain entre croissance et transports routiers, mondialisation et échanges de biens matériels. Mais tout ça pour quels résultats en termes climatiques?
Objectif: 500 ppm. Depuis une dizaine d'années, les scientifiques du GIEC (2) ont fixé une sorte d'objectif à la politique du climat: une stabilisation de la teneur en gaz carbonique à 500 parties par million (ppm) dans l'atmosphère. En 1750, cette teneur était de 270 ppm et n'avait jamais dépassé les 300 ppm pendant les 400 000 ans précédents. Elle est aujourd'hui de 360 ppm, bien qu