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Analyse

La grande volte-face bruxelloise

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L'Union a été obligée de prendre en compte la panique de l'opinion.
publié le 30 novembre 2000 à 7h17

Bruxelles (UE)de notre correspondant

Qui a dit, le 15 novembre, à Strasbourg: «L'interdiction des farines animales est une tromperie»? Le même qui a annoncé hier à Bruxelles leur interdiction «temporaire» dans toute l'Union. L'homme qui a ainsi avalé son chapeau est irlandais: il s'appelle David Byrne et occupe le poste de commissaire européen à la Santé et à la protection des consommateurs. A ses côtés, lors de la conférence de presse, trônait Franz Fischler, l'Autrichien détenteur du portefeuille de l'Agriculture depuis janvier 1995 et qui s'est toujours farouchement opposé à l'interdiction totale des farines animales. Certes, il est souhaitable de changer d'avis... surtout lorsque les faits changent.

En l'occurrence, ce n'est pas le cas: depuis la première crise de la vache folle, qui a éclaté le 20 mars 1996, lorsque les Britanniques ont admis publiquement le lien entre l'encéphalite spongiforme bovine (ESB) et le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, il n'est toujours pas scientifiquement prouvé que ces farines sont susceptibles de contaminer les animaux autres que les ruminants. Comme le disait avec force David Byrne devant le Parlement européen, «quand on aura des preuves sérieuses (de leur dangerosité, ndlr), on les interdira»...

La Commission européenne fait donc la preuve, une fois de plus, de son incapacité à anticiper et à faire un minimum de politique. David Byrne, pourtant chargé de la Santé, aurait dû immédiatement prendre la mesure de l'émotion pop