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Libération
Éditorial

L'ardoise.

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publié le 4 décembre 2000 à 7h26

En politique, on échappe rarement à son passé. Toutes les affaires qui convergent aujourd'hui vers Jacques Chirac sont issues d'une époque où la mairie de Paris et l'appareil du RPR se confondaient pour servir, par tous moyens, l'ambition présidentielle du «chef». Il faut toute l'ingénuité d'une Michelle Alliot-Marie pour parler de «manipulation». C'est tout bonnement une mécanique judiciaire, implacable dès lors qu'elle a été mise en branle par les premiers aveux. Prétendre que cet acharnement est inique puisque d'autres ont participé également au festin est un peu vain. Le parti de Lionel Jospin s'est déjà acquitté d'une lourde contribution à l'apurement des financements politiques illicites. Pas pour les mêmes affaires certes, mais les fautes ont été pour l'essentiel soldées avec Henri Emmanuelli en victime expiatoire.

Le RPR avait en commun avec le PS et le PC d'avoir un système centralisé de financement. Mais là où les partis de gauche ont organisé un réseau légal de bureaux d'études chargés de détourner illégalement de l'argent, le mouvement gaulliste fonctionnait avec des réseaux interpersonnels mêlant des apparatchiks officiels à des personnages de l'ombre. Lorsque la justice a pu mettre son nez dans ces combines, elle n'a pas eu de mal à démonter l'échafaudage Urba ou Gifco, qui avaient une existence publique, mais elle a peiné à pénétrer les arcanes de la «Chiraquie», par nature plus opaque. Elle y parvient petit à petit à force d'opiniâtreté. D'une certaine façon,