La cohabitation est souvent un boulet. Mais elle peut aussi, parfois, servir d'excuse facile. Tel est sans doute le cas pour la présidence française de l'Union européenne, qui subit depuis hier soir à Nice l'épreuve du feu communautaire.
A en croire les confidences recueillies à Matignon, en effet, la performance française aurait été autrement brillante si Lionel Jospin avait été maître de la manoeuvre. Mais ce dernier, respectueux de la Constitution et soucieux que la France parle d'une même voix, aurait préféré garder pour lui ses idées novatrices en matière européenne.
Acceptons ce postulat, même s'il doit servir à rejeter sur l'Elysée la responsabilité d'un éventuel échec niçois. Et attendons donc que le Premier ministre, délié de son devoir de réserve, expose enfin ses vues personnelles sur la construction européenne.
Reste qu'à en juger par ses prises de position passées, il lui faudra beaucoup d'audace pour nous surprendre, pour gommer son image d'européen contraint, d'autant plus frileux que l'heure des grands choix approche. Un peu comme Jacques Chirac, d'ailleurs, obligé mais à contrecoeur de faire «avec» l'Europe, mais fort peu enthousiaste dès lors qu'il s'agit de faire l'Europe de demain. Un peu comme s'il s'agissait de repousser les échéances, de limiter les dégâts jusqu'à la prochaine élection nationale, plutôt que de faire un choix cohérent, de l'assumer, de l'expliquer, de l'appliquer.
Quoi qu'on puisse en dire sur les deux rives de la Seine, cette ambivalence r