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Les enchères montent pour les lycéens professionnels

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Face au manque de main-d'oeuvre, les entreprises engagent des non-diplômés, au risque d'hypothéquer leur avenir.
publié le 8 décembre 2000 à 7h43

Près de 15 000 élèves de lycées professionnels auraient quitté leur établissement en cours de formation pour cause d'embauche. C'est ce qui ressort d'une enquête interne du ministère de l'Education nationale portant sur 250 des 1 770 lycées professionnels français. Elle indique que «quatre lycées sur cinq signalent des abandons de scolarité par des élèves qui ont trouvé du travail. En moyenne, 10 élèves par lycée». Indice de l'acuité du problème: les proviseurs interrogés dans le cadre de cette enquête «ont tenu à s'exprimer sur le sujet», alors qu'ils n'étaient pas invités à le faire.

Crise de croissance. Ces abandons se répartissent entre BEP et bacs professionnels. Ils affectent essentiellement les élèves de filières industrielles, qui s'insèrent traditionnellement mieux, mais le tertiaire est également touché: près de 40 % des élèves concernés, notamment en hôtellerie-restauration et en vente. Alors que le processus de recrutement le plus courant jusque-là consistait à proposer aux élèves accueillis en stage de rester dans leur entreprise, ces dernières recrutent désormais directement dans les lycées par voie d'affiches (lire page 4)!

Cette crise de croissance ne touche pas seulement les lycées professionnels. Mais là, les employeurs jouent sur du velours : plus du tiers des 760 000 élèves qui y sont recensés sont majeurs; les enfants de familles dont le père est ouvrier ou sans emploi sont largement surreprésentés; et beaucoup d'élèves ont été orientés par défaut suite à