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Analyse

Pénurie de main-d'oeuvre... ou d'emplois de qualité?

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Des économistes contestent le discours des entreprises.
publié le 8 décembre 2000 à 7h43

C'est cyclique. Chaque fois que la croissance repart, les entreprises se remettent à crier famine. Selon l'Insee, plus d'une entreprise industrielle sur deux rencontre aujourd'hui des difficultés de recrutement. Tous les secteurs sont touchés. Selon le Medef, la pénurie de main-d'oeuvre n'affecte plus seulement les professions traditionnellement concernées (bâtiment, hôtellerie, restauration), mais l'ensemble des secteurs.

C'est une véritable épidémie. L'une des plus grosses jamais connues, dit le patronat qui ne se souvient pas d'années aussi créatrices d'emplois, à l'exception peut-être de 1963 et 1969. Résultat, aujourd'hui, toujours selon le Medef, 900 000 offres d'emplois ne sont pas satisfaites (voir ci-dessus). De là à en déduire que les 2,3 millions de personnes encore au chômage, sont «inadaptées», inemployables ou tirent au flanc, il n'y a qu'un pas que personne n'a heureusement franchi.

«Indécence». Mais à trop prendre d'ampleur, le débat risque de renvoyer le propos patronal à une forme d'«indécence». C'est du moins le point de vue de certains économistes ou sociologues, dont Dominique Taddei, rapporteur au Conseil économique et social du projet d'avis sur la conjoncture à la fin de l'an 2000. Présenté mercredi, ce rapport conteste clairement l'analyse patronale. «Rien ne permet de parler de pénurie de main-d'oeuvre. [...] Il n'y a de réelles difficultés de recrutement que dans quelques branches et celles-ci sont normales dans une économie qui se rapproche du plein