«D'un seul coup, cet été, on a commencé à entendre parler de "parc d'abonnés" comme on parle de parc naturel. Ça a déclenché notre colère.» Alexis Bachelay est un abonné de Canal +, un «simple abonné» qui entend bien le rester. «Pendant un temps, on avait bien pensé à acheter des actions pour faire entendre notre voix à l'assemblée générale de fusion de Canal +, mais on a renoncé. Nous ne voulons pas être actionnaires mais abonnés.» En septembre, il décide avec une dizaine de sympathisants de fonder «Aux abonnés présents, l'association des amis de la chaîne cryptée». «Dans cette fusion, nous nous sentons manipulés. Le capitalisme passe par nous et nous n'avons pas notre mot à dire.»
On l'a peu entendue jusqu'à maintenant, la voix des abonnés de Canal +. Ils sont pourtant au coeur de la fusion. Sans eux, elle n'existe pas. Sans eux, pas de baston homérique entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Canal + et Vivendi. Le 20 juin, quand la fusion est annoncée, Jean-Marie Messier a réglé le sort de Canal +: le groupe est absorbé, la chaîne devient Canal + Programmes, un simple diffuseur. Une nouvelle société, Canal + Distribution, filiale à 100 % de Vivendi, est créée: propriétaire du fichier d'abonnés, elle encaisse les recettes.
Pourquoi cette scission? La loi sur l'audiovisuel interdit à un même actionnaire de détenir plus de 49 % d'une chaîne hertzienne. Pour fusionner avec Seagram, Vivendi peut donc absorber les filiales de Canal +, qui deviennent sa propriété à 100