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Analyse

Sans moteur, les Quinze patinent.

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La panne du couple franco-allemand libère les égoïsmes des Etats.
publié le 11 décembre 2000 à 7h47

On entre dans l'Histoire comme on peut: les quinze chefs d'Etat et de gouvernement ont battu le record de durée d'un Conseil européen. C'est déjà ça. Avec, aux commandes, un Jacques Chirac récidiviste: en 1973, il était parvenu à maintenir une longue semaine autour de la table ses collègues ministres de l'Agriculture de l'Europe des Neuf, pour une affaire de quotas laitiers.

Survie en jeu. Pour le reste, le bilan est moins glorieux. Nice restera sans doute dans les mémoires comme le sommet des occasions manquées. Même si les Quinze parviennent à un accord à l'arraché, la France devra sans doute se contenter du «traité au rabais» dont elle affirmait ne pas vouloir. La Commission européenne sera peut-être plafonnée un jour, lorsque l'élargissement à 27 sera achevé. La repondération des voix au Conseil des ministres aboutit certes à renforcer le poids des «grands», mais la décision sera encore plus complexe puisqu'il faudra réunir une double majorité qualifiée. Quant au droit de veto, il est encore trop largement maintenu, ce qui laisse grande ouverte la porte du blocage de l'Union par un seul pays. L'Europe risque de ne pas survivre à son élargissement avec un tel traité. Qu'importe, ont répondu avec un bel ensemble quinze gouvernements surtout soucieux de sacrifier le moins possible au bien commun et de maintenir, autant que faire se peut, leurs «droits acquis». Un sursaut est toujours possible mais rien, hier soir, ne le laissait présager.

Les Quinze auront ainsi démontré jusq