Même l'Elysée pense que c'est plié. Les experts gouvernementaux eux sont formels: «Ça va passer.» A Matignon, au ministère de l'Intérieur, chacun a fait et refait ses comptes. La proposition de loi organique allongeant le mandat électoral des députés devrait être adoptée demain par les socialistes, les chevènementistes, les radicaux et une partie des centristes. Selon les derniers pointages, 25 députés UDF se prononceront en faveur d'une inversion du calendrier. C'est-à-dire pour repousser les législatives après la présidentielle de 2002.
«Coup politique». Lionel Jospin n'a même pas à eu à faire campagne pour les convaincre. Valéry Giscard d'Estaing et Raymond Barre s'en sont chargés. La garde rapprochée de François Bayrou, déjà en campagne présidentielle, a suivi. Elle constituera, à l'Assemblée, le gros des troupes du «oui» centriste, de Jean-Louis Borloo (Nord) à Dominique Paillé (Deux-Sèvres). Philippe Douste-Blazy, président du groupe UDF, favorable à Jacques Chirac, s'est engagé en faveur du «non». Il s'est fait discret depuis le congrès de son parti à Angers au début du mois et s'est contenté de rappeler aux hésitants qu'«il s'agit d'un coup politique monté par Lionel Jospin». Pas de menaces de représailles. «Les députés ont en ligne de mire les municipales de mars, ils n'ont aucune envie d'entrer dans une période de troubles et de divisions», note un de ses proches. François Léotard a écrit à ses amis une lettre pour leur demander de ne pas s'associer à «une combine»