Fidèle à son nouveau style péremptoire, façon «c'est-à-prendre-ou-bien-bonsoir», la centrale patronale prétend régler en une ultime rencontre paritaire un des dossiers les plus arides techniquement, et politiquement des plus explosifs. La question des retraites vient de loin
(on en parlait déjà voici vingt ans) et elle ira loin (le plus difficile aura lieu dans dix ou vingt ans).
On peut qualifier d'opportuniste la hâte manifestée par le Medef, qui se saisit habilement d'une date butoir inscrite dans la loi pour avancer ses pions. Mais la lenteur gouvernementale, elle, ne doit rien à une exigeante réflexion. Ayant choisi de ne se salir que le moins possible les mains dans ce dossier compromettant, Jospin et ses amis ministres ont renvoyé l'heure des décisions difficiles aux calendes grecques, c'est-à-dire en 2002, après l'élection présidentielle.
La réunion entre les employeurs et les syndicats s'annonce comme une impasse semblable à celle qui a eu lieu cet été sur l'Unedic, à ceci près que les syndicats sont mieux regroupés dans la «défense des acquis» et que le gouvernement ne se risquera pas cette fois-ci à donner sa discrète bénédiction à un compromis, comme a fini par le faire Jospin à propos de l'accord sur le chômage. Il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas et la retraite à 60 ans en fait partie: de toutes les réformes lancées par la gauche, c'est de loin la plus populaire, et pas seulement dans les rangs de ses partisans déclarés.
En provoquant un nouveau b