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Libération

Pour 2001, on vous souhaite de meilleurs boeufs

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L'insécurité alimentaire, prion en tête, a marqué l'année.
publié le 29 décembre 2000 à 8h37

De l'an 2000, on pourrait retenir l'image d'un poids, au niveau de l'estomac français. Et à hauteur de la bouche, un rictus. Celui du consommateur agacé, un tantinet dégoûté, errant dans les allées de son hyper et de son marché, tiraillé entre les pulsions de ses papilles et les angoisses de son cerveau qui lui murmure des horreurs. Il lorgne la succulente côte de boeuf d'un oeil torve, renifle avec défiance son camembert au lait cru adoré, se méfie, voit des prions partout.

Monomaniaque. L'année, dit-on, a été riche en alertes et en paniques variées de la listériose au canard frelaté . En réalité, elle a été monomaniaque, avec la vache folle comme phobie. «C'est la première fois qu'une espèce entière est touchée par la méfiance du consommateur. D'habitude, pour une listériose, ou une quelconque pollution, c'est une marque ou un type de produit qui est délaissé», note Pierre Combris, de l'Institut national de la recherche agronomique. Le prion bovin, si mystérieux, si mortel, chargé de tous les péchés de l'agriculture intensive, a accédé au titre d'«exhausteur de dégoût», catalyseur et symbole de toutes les angoisses alimentaires. Dans le même temps, il est devenu la cause d'une ruée violente vers le terroir, le bio, la pêche, et même... la chasse.

Rien ne laissait présager, en début d'année, un tel vedettariat du prion bovin. Janvier avait démarré sur une polémique autour du naufrage de l'Erika. On spéculait sur le nombre de bigorneaux et d'huîtres pollués par les hydrocarbur