C'est dans les petites et moyennes juridictions que la nouvelle loi posera le plus de problèmes. Jean-François Kriegk, président du tribunal de Carpentras (Vaucluse), explique pourquoi.
Comment va se passer l'application de la nouvelle loi à Carpentras?Nous avons une inquiétude fondamentale à propos de l'appel des verdicts de cour d'assises. A Carpentras, les assises siègent quatre mois par an, et, avec les appels, nous passerons à environ sept mois, ce qui équivaut à nous supprimer un poste de juge. Or je n'ai que trois magistrats non spécialisés pour faire tourner la boutique. Deux sont juges aux affaires familiales, et siègent en même temps au tribunal civil et correctionnel. Le troisième est assesseur en correctionnelle, mais il est aussi juge commissaire en matière commerciale et juge de l'application des peines. Les appels commenceront à être jugés en septembre et je ne sais pas comment nous pourrons faire. Je vous donne un exemple. Nous avons jugé ici un hold-up, les audiences ont duré trois semaines, car nous avions beaucoup de témoins. Quatre magistrats ont été immobilisés durant ce temps. Faudra-t-il recommencer à zéro? Nous ne le savons pas. Il aurait fallu mieux préciser les choses.
Une circulaire demande aux juridictions de faire des «choix de contentieux» pour réussir à appliquer la loi, comment avez-vous géré cette directive?
Le problème est très tendu avec les greffiers. En semaine, nous serons obligés de prélever un greffier de la chambre commerciale pour l'aff