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Libération
Éditorial

Trouille.

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publié le 2 janvier 2001 à 21h25

La présomption d'innocence est coulée dans le bronze séculaire des grands principes du droit. Mais il a fallu attendre que le calendrier marque le 01/01/01 du nouveau millénaire pour que la législation française accorde sa pratique quotidienne avec ses idéaux officiels. Cette grâce tardive, la République ne l'a pas reçue du ciel mais, plus trivialement, de la trouille de son personnel politique. Après que certains de ses membres ont fait l'expérience du sort commun des justiciables anonymes, les conditions misérables de ceux-ci, qui ne les avaient guère émus jusque-là, leur sont apparues inacceptables. Présomption d'innocence, garde à vue et détention provisoire ont tout d'un coup pris un caractère d'urgence...

On ne peut que se réjouir de voir que le libéralisme implicite au droit contemporain est enfin pris au sérieux. Toutefois, l'année écoulée nous a précisément appris à nous défier des grands principes. Le cri de dégoût et de colère d'une médecin en milieu carcéral a obligé le ministère de la Justice à concéder ce qu'il savait fort bien, c'est-à-dire que les prisons françaises étaient indignes d'une démocratie moderne. Cela a valu l'octroi de quelques crédits. Un peu plus tard, c'est le ras-le-bol des avocats qui est venu rappeler qu'un autre grand principe, l'égalité de tous devant la loi, était pour le moins battu en brèche par la réalité caricaturale de l'assistance judiciaire. Là encore, le ministère, qui n'ignorait rien de la situation, a fini par trouver quelque ar