Les magistrats parisiens auraient sans doute préféré un peu plus de discrétion pour étrenner les habits neufs de la justice française. Pour son premier jour d'existence, la nouvelle cour d'instruction, ex-d'accusation, a dû traiter ce qui a tout pour devenir une «cause célèbre». Le parfum entêtant d'argent et de politique, dont la France n'arrive pas à se dépêtrer depuis une quinzaine d'années, planait une fois de plus sur un prétoire. Le nom du justiciable et le type de délit pour lequel il était incarcéré se cognaient avec l'importance toute nouvelle reconnue à la présomption d'innocence. Celle-ci a finalement prévalu.
Le jugement moral qu'on peut porter sur le personnage de Jean-Christophe Mitterrand est une chose, le traitement judiciaire dont il est l'objet en est une autre. L'infraction fiscale reconnue par le justiciable, les sommes énormes qu'il a gagnées, de son propre aveu, par des moyens d'entremetteur cher payé pour un service vague, tout cela suffit pour que chacun puisse se faire une opinion selon ses critères éthiques personnels. Mais la chambre d'instruction n'avait pas à se prononcer là-dessus. Elle ne devait décider que d'une seule chose: cette incarcération est-elle indispensable au bon fonctionnement de la justice? Et ceci sans pouvoir empêcher qu'au-delà du cas particulier, la décision prise ait un caractère programmatif pour l'usage futur de la détention préventive.
A cet égard, la mise en liberté de Jean-Christophe Mitterrand en contrepartie d'une lourde