On pouvait penser, voilà quelques semaines, que le problème numéro un de George W. Bush concernerait sa légitimité: mal élu, mais finalement élu par quelques juges, son pouvoir risquait d'apparaître surtout d'essence patronymique. Ce qui, on le sait, n'est pas forcément une bonne chose en démocratie. Mais la conjoncture économique pourrait, si elle confirme ses mauvaises tendances actuelles malgré la baisse des taux annoncée hier par la Réserve fédérale, venir au secours du 43e président des Etats-Unis. En proie à l'inquiétude des mauvais jours, les Américains n'en oublieraient que plus vite les décomptes électoraux «abracadabrantesques» de Floride et la partialité politique supposée de certains des sages de la Cour suprême. Leur nouveau président échapperait ainsi à une querelle de légitimité, mais il serait en revanche amené à jouer sa faible crédibilité à quitte ou double dès les premiers mois de son mandat.
Comment s'affirmer entre une droite conservatrice, pour ne pas dire revancharde, et un centre prêt à juger aux résultats? La question risque de hanter longtemps Bush Jr., et la réponse ne réside certainement pas dans le masque présidentiel, toujours le même, qu'il affiche en public. Il ne la trouvera pas non plus dans la délégation de ses pouvoirs, une pratique dont il était coutumier en tant que gouverneur du Texas. Le système américain n'est pas compatible avec la fuite ou la dissolution des responsabilités présidentielles. C'est bien pourquoi Bush pourrait regretter