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Libération
Éditorial

Modeste croisade

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publié le 6 janvier 2001 à 21h34

Vivre au calme en milieu urbain est un luxe incomparable. Ceux qui n'ont connu que le confort du silence, même relatif, ne se doutent pas de quel exorbitant privilège ils jouissent. Ceux qui le supposent et y aspirent, vivent dans le brouhaha permanent et n'ont le choix, en été, qu'entre fermer les fenêtres mais supporter l'atmosphère d'un sauna pour pouvoir se parler et les ouvrir mais se retrouver dans l'incapacité d'échanger la moindre parole. Seuls ceux qui sont passés, parfois au prix de quelque sacrifice financier, du plus grand vacarme à une quiétude certaine, sont sûrs des bienfaits du calme.

Voilà pourquoi, Parisiens et Parisiennes, il vous faudra ironiser avec modération sur la dernière initiative opportuniste de Jean Tiberi. Certes, l'ancien premier adjoint et successeur de Jacques Chirac à la mairie de Paris aura eu besoin de plusieurs lustres de méditation avant de se persuader de la nocivité du bruit et de l'erreur qu'il fit naguère en privilégiant le tout automobile. On peut même supputer que sa conversion à l'écologie et sa toute nouvelle déclaration de guerre aux bruits de la ville a quelque rapport avec la proximité des élections municipales. Mais qu'importe après tout car la modeste croisade ­ quelques petits millions municipaux pour la première année ­ dont il vient de claironner le lancement lui survivra, politiquement s'entend: cofinancé par l'Etat, le programme de subvention à l'insonorisation doit s'étendre sur trois ans renouvelables. Et il est impens