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Libération
Éditorial

Arrogance.

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publié le 10 janvier 2001 à 21h39

Il sera donc dit qu'aucune activité humaine n'est épargnée par le principe de précaution. Pas même celle qui consiste à donner la mort grâce à des munitions fabriquées à partir d'uranium appauvri. Il aura fallu en effet que le danger que posent ces armes soit dénoncé par leurs utilisateurs ­ c'est-à-dire des militaires appelés à les manier lors de la guerre du Golfe ou lors de celles de Bosnie et du Kosovo ­ pour que le risque soit pris au sérieux. L'alerte à l'uranium appauvri avait bien été sonnée voilà plusieurs années déjà en ce qui concerne des civils irakiens et lors même des bombardements de la Serbie et du Kosovo, mais elle fut bien vite étouffée par les démentis catégoriques du Pentagone et par les excès propagandistes des partisans de Saddam Hussein ou de Slobodan Milosevic. Force est de reconnaître aujourd'hui que le dossier est infiniment plus complexe, n'en déplaise à Madeleine Albright, la secrétaire d'Etat de Bill Clinton, qui vient de commettre un gros mensonge en affirmant que le maniement ou les retombées des munitions incriminées étaient tout à fait inoffensifs. Cette arrogance bureaucratique bute en effet sur l'avis de nombreux experts scientifiques et médicaux qui attestent de la nocivité intrinsèque de ces armes; tout en reconnaissant que leur dangerosité dépend du degré d'exposition de ceux qui les manient, ou de ceux qui sont exposés à l'inhalation de la poussière qu'elles soulèvent en explosant. Beaucoup plus grave, il est aujourd'hui avéré que les p