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Libération
Reportage

Pas assez fou pour être interné.

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Psychotique, dépressif, maltraité en prison, M.y retournera quand même.
publié le 15 janvier 2001 à 21h48

Marseille envoyée spéciale

Il est entré dans la salle d'audience, cassé en deux, portant une minerve, le bras en écharpe, le visage tuméfié, balafré. Et René Salomon, le président du tribunal de Marseille, s'est inquiété: «Que vous est-il arrivé? Un accident?» Dans un murmure, M. (1) a raconté: «A la prison des Baumettes, les détenus m'ont balafré. A Aix, ça a recommencé, ils m'ont battu!» Me Christine d'Arrigo, son avocate, a expliqué: «Il est considéré comme une balance par ses codétenus, il est sans cesse attaqué. Mon client a subi un examen médico-psychologique, l'expert dit qu'il est toxicomane, qu'il a des traits psychotiques, qu'il souffre d'un syndrome dépressif aigu, qu'il est indispensable qu'il soit suivi au service médico-psychologique, car il est extrêmement perturbé.» Perturbé mais pas fou, selon l'expert qui note dans ses conclusions que «le sujet ne relève pas d'un internement pour l'heure», mais que les juges doivent tenir compte d'une atténuation de sa responsabilité.

Dépôt de plainte. Les faits commis par M. «sont simples et extraordinaires à la fois», remarque d'ailleurs le président du tribunal. C'était en octobre. M. touche son RMI et le «place» immédiatement, en achetant 5 grammes de cocaïne dans un parc de Marseille. Au cou, il porte une chaîne en or; au poignet, une belle montre. Des cadeaux de sa famille. «Les seules choses auxquelles il tienne et qu'il ne revend pas pour sa drogue», dit son avocate. Les dealers les remarquent, veulent les arracher. M