Une taxe sur les ordinateurs, c'est Lionel Jospin pris en flagrant délit de double langage. Catherine Tasca ne l'a pas compris. La ministre de la Culture et de la Communication connaît trop son dossier. Elle sait l'idée d'un prélèvement sur le prix des ordinateurs acceptable par ceux (industriels, associations de consommateurs, syndicats d'artistes) auxquels la loi Lang de 1985 impose de protéger les artistes contre les copies et les contrefaçons. Alors Tasca fonce, tête baissée. Sans se douter qu'elle condamne sa bonne idée parce qu'elle compromet son Premier ministre. «Rien n'est décidé et cela ne va pas du tout de soi, indique Matignon. On a trop investi en temps et en argent sur les nouvelles technologies pour ne pas faire un peu attention.» Et dans les sphères gouvernementales, on grince off contre la maladroite.
Télescopage. C'est que la proposition de Catherine Tasca télescope deux axes majeurs de la politique gouvernementale. Le «tout pour les hautes technologies», d'abord. L'ancien dada de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie, est devenu un des signes distinctifs du gouvernement Jospin. Au point que le Premier ministre appelle à la diffusion rapide d'Internet dans les foyers français, parle sans hésitation de technologies «à hauts débits», quand il ne discourt pas sur ces start-up porteuses d'avenir. Tel affichage politique s'accommode fort mal de cette taxation des «ordinateurs, disques durs, consoles de jeu, décodeurs, en bref tout support permettan