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Libération
Interview

«L'adoption doit être réciproque.»

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Témoignage d'un père adoptif.
publié le 17 janvier 2001 à 21h54

Alain est père adoptif d'un enfant né sous X, adopté il y a trois ans.

«Nous n'avions pas demandé un enfant né sous X, on avait juste pris la décision de ne pas adopter à l'étranger. Si nous avions eu le choix, nous aurions préféré un enfant avec une filiation et un nom. Quand il est arrivé à la maison, nous nous sommes posés toutes les questions qui l'occuperont un jour. C'est à la mère naturelle qu'on pense, qui est-elle, pourquoi? Bien sûr, on a peur qu'il retrouve sa mère et soit bien avec elle, qu'il nous abandonne. Aucun parent adoptif n'échappe à cette crainte mais si on aime son enfant, on ne peut pas lui interdire de retrouver son point d'origine. Ce que je sais des enfants nés sous X, c'est qu'ils sont traumatisés par l'impossibilité de trouver quelqu'un à qui ils ressemblent, ne serait-ce qu'une photo. Les quelques éléments d'information que nous possédons nous suffisent pour le moment, mais j'espère pour lui que son dossier contient plus de choses.

«Etablir des contacts avec la mère naturelle, comme le font quelques parents adoptifs à l'étranger, serait peut-être une bonne solution. Mais c'est une charge émotionnelle très forte. Et puis, est-ce que l'enfant ne va pas être tiraillé entre deux familles, est-ce que la mère qui a eu le courage d'abandonner parce qu'elle ne pouvait pas assumer son enfant, pensera la même chose dix ans plus tard? Ma femme est pour une clarté totale, plus que moi elle ressent mal tous ces tabous sur l'adoption: par exemple sur notre livre