La France, ce pays qui aime se proclamer patrie des droits de l'homme, est décidément une bien étrange nation dès lors qu'il s'agit de ses prisons. Un système pénal et des pratiques carcérales relevant, par certains aspects, d'un autre âge? Cela n'aura pas préoccupé grand monde, jusqu'à ce que des puissants fassent l'expérience des interrogatoires peu courtois, des perquisitions-surprises, des mises en examen, des prétoires et de la prison, à commencer par la préventive. Aucune limite d'âge pour l'incarcération de détenus condamnés donc à mourir en prison, sauf à bénéficier de ce droit régalien qu'est une grâce présidentielle? Personne ne s'en est trop soucié non plus. En tout cas, pas depuis le cas Pétain, condamné à mort, puis à la détention à perpétuité, en 1945, à 89 ans. Mais que Maurice Papon, l'ex-notable des IVe et Ve Républiques, ex-préfet de police, ex-ministre, se retrouve à la Santé à plus de 90 ans condamné à purger une peine de dix ans pour «complicité de crime contre l'humanité», et voilà le dossier enfin ouvert.
Faut-il s'en offusquer? Non, si à partir du cas Papon est posé et résolu celui des autres vieillards emprisonnés et qui, comme lui, ne peuvent faire l'objet d'une mise en liberté conditionnelle tant qu'ils n'ont pas effectué la moitié de leur peine ou dont l'état de santé ne justifie pas une grâce à titre médical. Oui, en revanche, s'il ne s'agit que d'obtenir la libération d'un Papon campant dans son arrogance et qui n'a toujours pas exprimé l'ombre d