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Libération

Les dérogations d'un VIP de la justice.

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De l'instruction à l'incarcération, récit d'un traitement unique.
publié le 19 janvier 2001 à 21h59

Le parcours de Maurice Papon, VIP de la prison de la Santé, n'est qu'un catalogue d'exceptions et de dérogations au sort commun des accusés, condamnés et prisonniers. Cela a commencé avec l'instruction. Pas un instant, dans la lenteur de la procédure instruite à Bordeaux (1981-1996), Maurice Papon n'est placé sous contrôle judiciaire, et encore moins en détention provisoire, pourtant inculpé plusieurs fois, et par des magistrats différents, de crimes contre l'humanité. En 1987, alors que le dossier semble près d'être bouclé, la Cour de cassation annule cinq années d'instruction. Une péripétie judiciaire complexe, mais efficace, fait que tout doit être repris de zéro, dépôts de plaintes compris, et qu'un nouveau magistrat instructeur est nommé. Neuf années passent, ponctuées d'interventions occultes ­ notamment François Mitterrand, préoccupé de la présence de René Bousquet dans le dossier bordelais ­ et d'offensives de l'ancien ministre contre ses accusateurs. Papon dépose, par exemple, une plainte pour dénonciation calomnieuse contre les premiers plaignants de l'affaire, qui resteront pendant deux ans les seuls inculpés dans le dossier.

«Menottes morales». Quand la chambre d'accusation de la cour d'appel de la Gironde prononce finalement, en septembre 1996, le renvoi devant les assises, le procès semble imminent. Mais il n'aura lieu qu'en octobre 1998. Entretemps, parfaitement libre de ses mouvements, Papon bénéficie d'égards particuliers. Maintes fois, son avocat, Jean-Marc